Ce mois-ci, mes règles ont débarqué avec cinq jours d’avance. Ça ne m’était pas arrivé depuis au moins dix ans, et l’histoire aurait pu s’arrêter là si je n’avais pas été opérée il y a quatre mois.
Je m’explique.
Le 10 mai dernier, j’ai subi une conisation du col de l’utérus. Ça veut dire qu’on m’a retiré une lésion précancéreuse au laser, sous anesthésie locale (et avec un petit gaz sympa à inhaler pour me détendre le cul parce que j’ai fait une crise d’angoisse sur la table d’opération). C’est très courant, grâce à la prolifération du papillomavirus qui nous entube bien avec son nom mignon et ses dix mille variantes, et cette opération a un taux de réussite de 98%. Autant dire qu’une fois l’opération passée, j’étais plutôt sereine – juste un peu emmerdée par le mois de convalescence à venir, mais eh, ça me faisait une bonne excuse pour rien branler donc j’étais pas mécontente.
Sauf que ça ne s’est pas passé exactement comme prévu et que j’ai fait deux hémorragies au cours de cette période de cicatrisation, en plus de la chute d’escarre (un moment délicieux dans la vie de ma chatte). Résultat, j’ai dû passer près d’un mois alitée, et j’ai beau aimer mon lit et l’inactivité, ça a bien failli me rendre folle.
Bref, revenons à mes règles du mois d’août 2016.
Il y a deux semaines, j’ai eu des pertes colorées, un peu rosées, donc teintées de sang, pendant deux jours. Après quelques recherches, j’ai lu que ça pouvait être une conséquence de l’ovulation, et comme j’étais en plein dedans, j’ai ignoré les autres possibilités (grossesse, cancer, mort, apocalypse).
Et il y a trois jours, catastrophe. Alors que j’étais en train de bosser, prise d’une violente envie de pisser, je me lève pour aller faire ma petite affaire, mais je sens en m’essuyant que quelque chose cloche. Et pour cause, le papier était couvert d’une substance gélatineuse, semblable à de la confiture de framboises. J’essaye de rester calme, mais au fil de la journée, je vois que ça empire, et que je commence à perdre des morceaux gros comme des cerises. C’était plus une culotte que j’avais, mais un vieux fond de clafoutis. Le corps humain est une merveille.
J’en suis même arrivée à appeler le service des urgences gynécologiques de l’hôpital Lariboisière pour leur demander s’il fallait que je déboule ou si j’allais mourir dans la nuit. On m’a gentiment dit que tant que j’en étais pas au stade hémorragique, je pouvais me calmer le cul et attendre de voir ce que ça donnerait le lendemain. Pour ne rien arranger, j’avais horriblement mal aux reins et aux bas ventre, comme avant mes règles. Mais c’était pas pareil, je ne reconnaissais pas ce que mon corps sécrétait et ça m’a transformée en une gigantesque boule d’angoisse.
Le lendemain, j’ai appelé le gynéco qui m’a opérée et mon médecin traitant (également gynéco, coup de bol) dans le but d’obtenir une consultation d’urgence, sans succès. Alors j’ai décidé de me calmer, entre temps le flot de grumeaux s’était un peu calmé et je commençais à retrouver quelques bribes de ma santé mentale.
Puis, au fil des heures, j’ai commencé à remarquer quelques éléments familiers. Mon sang s’est fluidifié, coulait de façon beaucoup moins chaotique, et j’ai enfin fait le lien : j’étais tout simplement en train d’avoir mes règles, comme tous les mois depuis 14 ans. Mais la conisation et l’aspect atypique de mes règles le premier jour m’ont fait vriller.
Depuis que j’ai arrêté la pilule il y a deux ans, je me sens plus proche de mon corps que jamais. Je ressens tout ce qui s’y passe, chaque variation, tous les jours de mon cycle. J’y prends plaisir, ça me fait du bien, même si je dois vivre avec des règles plus douloureuses, j’accepte de payer ce prix pour pouvoir à nouveau m’entendre et me comprendre. C’est mon choix, c’est la solution que j’ai trouvé pour me sentir mieux pour l’instant, et j’en apprends énormément sur mon corps grâce à ça.
Mais malgré tout, cette histoire est la preuve qu’on peut toujours avoir des surprises et qu’il est important de s’écouter, de s’observer, mais que le changement n’est pas toujours signe de décès immédiat.
Ce qui m’a réellement fait chier, dans cette histoire, c’est que j’ai l’impression d’avoir été privée du meilleur moment de mes règles – juste avant qu’elles arrivent, quand je prépare mon programme de convalescence, que je fais un petit stock de la bouffe que j’ai envie de manger, des films que je veux mater au lit pendant que j’agonise, des tenues que je vais porter pour être aussi à l’aise que possible. Cette surprise m’a retiré mon petit rituel, celui qui m’a fait aimer mes règles, et je n’ai pas pu « profiter » de cette période de purge et de nettoyage comme je le fais chaque mois.
Heureusement, il me reste encore quelques décennies pour rattraper ça.
Après mes premièeres règles, toutes celles que j’ai eu les 3 premières années étaient comme ça. C’est un peu badant en effet, mais c’est normal. Merci pour ce partage ❤
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Je crois que de toute facon nos cycles changent avec le temps, mais c’est clair qu’une operation comme celle que tu as subit va changer les choses pour quelques temps au moins…
Malheureusement pour moi, mon petit rituel (principalement chercher la nourriture que je veux haha) est souvent gache par mon SPM et les sautes d’humeur qui l’accompagne. Dans ces moments la rien ne va (et mort a ceux qui me contrarient)
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