Raconte-moi… : Tes premières règles #2

Découvrez trois nouveaux témoignages de personnes qui racontent leurs premières règles, en toute décontraction. 

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(Source : Emma Plunkett)

Pour cette deuxième édition de Raconte-moi… : Tes premières règles, je suis retournée fouiller dans les centaines (!!!) de témoignages que j’ai reçus par mail pour vous dégoter trois nouvelles histoires de premières fois. Et c’est toujours aussi marrant de voir à quel point les histoires diffèrent complètement ou au contraire se répètent sans cesse.

Merci encore aux personnes qui ont contribué à cette rubrique ! Allez hop, on se met tous-tes en rond, et on écoute.

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1. « Ou quand avoir du sang qui sort de ta teucha devient ton rêve absolu » – Lisa

Mes premières règles sont arrivées un matin, fin seconde.

Je les attendais genre avec méga super impatience : toutes mes copines les avaient depuis la 5ème, j’avais pas de poitrine, aucun mec ne daignait fourrer sa langue au fond de mon gosier, c’était un peu le signe que tout ça allait changer quoi. Méga super enjeu d’estime de soi (ou quand avoir du sang qui sort de ta teucha devient ton rêve absolu, après embrasser Tanguy de 2nde C).

Bref.

J’ai remarqué ça en allant faire le pipi du matin, et j’ai donc hurlé, hystérique « J’AI MES RÈÈÈÈÈGLES » depuis les toilettes. Il faut savoir que seul mon père et mon frère étaient à la maison à ce moment-là (et mon frère ayant à l’époque 7 ans, il n’allait pas être d’un grand secours). Je me suis donc retrouvée, à 7h du matin, avec ma mère au téléphone qui m’explique dans quel placard sont les tampons et comment en mettre un. Elle n’utilisait jamais de serviettes, et ne m’a pas transmis la super technique (utilisée à peu près 100 millions de fois depuis) d’enrouler du papier toilette autour du slip.

Premier cycle, premier tampon sans applicateur avec môman au bout du fil qui te dit « mais non arrête c’est pas compliqué, allez hop vas-y maintenant ». Je pense que ce truc hyper détendu du string pour la première fois a fait que par après, j’ai été très à l’aise avec mes règles.

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2. « Ma mère a souri, et mon père a sorti le champagne » – Sophie

J’ai découvert ma toute première tâche de sang au fond de ma culotte imprimée bulles (putain c’était ma préféré) à 12 ans. J’étais en 5ème.

J’ai eu peur, je ne pense pas avoir fait immédiatement le rapprochement avec les règles, j’ai juste eu peur sur le coup. Je me souviens avoir fait pipi en regardant cette tâche de sang séchée la bouche ouverte, me demandant ce qui était en train de m’arriver.

Je suis descendue voir mes parents, ma mère a souri, et mon père a sorti le champagne. Je ne me rappelle pas de grand chose après, j’ai peut-être juste parlé de tampons avec ma mère car ça me faisait peur. Elle m’en a acheté, j’ai essayé, mais je n’y arrivais pas. J’ai du attendre mes premiers rapports sexuels (à 19 ans) pour en mettre, mais ce n’était sûrement que psychologique.

Concernant ma famille, j’ai toujours parlé de mes règles en toute liberté. Mon père n’était pas dégoûté, ce n’était clairement pas un sujet tabou, même à table le soir. Il a souvent du m’apporter du papier toilette le matin quand je me réveillais et que tout le sang coulait sur le parquet (ma serviette n’arrivait pas à absorber tout le flux d’un coup).

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3. « Franchement j’étais contente, j’avais envie de grandir » – Celia

J’ai eu mes premières règles à 11 ans. Je me préparais pour aller fêter le 31 décembre avec mes parents (sûrement au bal des pompiers d’ailleurs). Je suis tout simplement allée faire pipi et ai découvert du sang dans ma culotte.

Franchement j’étais contente, j’avais envie de grandir. J’étais pas fan des poils qui étaient arrivés deux ans plus tôt mais les règles ça oui. Je n’ai pas pensé à ce que ça signifiait biologiquement sur ma capacité à procréer. Je n’ai pas pensé aux emmerdes de type piscine, tampon, fuites… Je me suis juste dit « Ah, trop cool ». J’ai dit à ma mère assez calmement « Oh ben je crois que j’ai mes règles », et elle m’a filé une protection.

Le seul truc que j’ai trouvé complètement naze c’est qu’on me félicite. Qu’elle le dise à mon père et que les deux soient « fiers de moi ». J’aurais préféré que ça reste entre ma mère et moi et que ce soit sans les félicitations que je trouvais inutiles.

*****

[Note de rappel pour les prochains témoignages : les femmes ne sont pas les seules à avoir leurs règles, certains hommes trans, ainsi que les personnes non-binaires, les ont également. Il est donc important de faire attention à son vocabulaire et à éviter de parler de « trucs de femmes », « comme toutes les femmes », « devenir une femme », etc… C’est la raison pour laquelle j’accorde systématiquement mes articles de façon mixte pour n’exclure personne. Malheureusement, dans le langage commun, cette notion n’est pas encore reconnue et nous sommes donc tous-tes habitué-e-s à voir les règles comme un « truc de meuf », alors que ça va au-delà de l’identité féminine.]

7 réflexions sur “Raconte-moi… : Tes premières règles #2

  1. Le dernier témoignage m’a fait réaliser quelque chose : en effet, pourquoi on nous félicite quand on a nos règles ? De quoi les autres peuvent être « fiers » ? Qu’on se félicite nous-même, ou qu’on tape un high-five avec notre mère, je le comprends oui. Mais alors sinon, le point d’interrogation reste énorme.
    Bon c’est tout de même mieux que d’être cataloguée impure etc, comme dans certains pays c’est sur !

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  2. Je rejoins la voisine du dessus, les félicitations pour les règles je trouve ça très bizarre. C’est pas comme si t’avais remporté les JO non plus, quand tu te mets à saigner tes culottes pour la première fois … Au contraire, ça ressemble plutôt à un champ de bataille à la Game of Thrones … Genre littéralement, c’est le Red Wedding !

    Sinon, ces témoignages sont sur un ton plus positif que la première édition, j’ai l’impression. Pas d’incompréhension particulière, les témoins semblaient attendre ça avec impatience !

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  3. Coucou, je suis l’auteure du dernier témoignage et je voudrais juste dire que la célébration au champagne je l’ai vécu comme un « c’est pas grave, tu va pas mourir, allez t’en fais pas! ». Mon père a eu la même réaction quand mes profs lui ont annoncé mon redoublement en seconde. Pour moi c’était une petite tape sur le dos « t’inquiètes ». Une manière de dédramatiser, comme j’étais angoissé par ce sang.

    Sinon ma mère m’avait raconté que pour ses premières règles, elle avait eu le droit à une claque de la part de sa mère … « tradition ».

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    • Ouais je pense qu’on fait partie de la génération qui a été élevée par celles qui ont connu le fameux rituel de la claque et que ça s’est éteint avec nous… (et tant mieux). Ça m’a toujours traumatisée cette histoire, je trouve ça fou. Je vais enquêter dessus, voir si je trouve des origines, des témoignages, des machins, j’aimerais bien en faire un article tiens.

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  4. Ah oui, la claque ! J’ai vu ça dans un film … histoire de dire au revoir à la petite fille que l’on était (et que l’on aurait du continuer d’être a priori …), et de prévenir la jeune fille avec une baffe, au cas où elle aurait des envies d’aller voir les garçons …

    Pour ma part, je les ai eu tard, je crois: ma mère était hyper inquiète, moi, hyper contente de ne pas les avoir. J’avais 13 ans et demi et on était en février.

    La veille, j’avais reçu une bonne raclée de la part d’un mec qui s’amusait à cracher sur les filles: je lui ai collé une tarte, et, … je n’ai pas trop compris la suite. J’ai terminé à l’infirmerie.
    Grâce …à cause de lui, le lendemain c’était le grand débarquement.
    Elles sont arrivées sans prévenir après manger, alors que l’on devait retourner au collège, ma mère et moi. Ma mère y travaillait. Elle m’attendait à la porte, avec une petite fille qu’elle gardait, impatiente.
    J’étais aux toilettes, en retard comme d’habitude, et mes yeux sont tombés sur mon fond de culotte, rouge foncé … j’ai poussé un long soupir, puis j’ai braillé à travers la maison un long: « meeeeeeerde … maman, j’ai mes rèèèèèègles !  » . Je me disais que vu le retard, elle allait exploser !
    Et bien non, sa voix a changé, elle a couru partout, toute contente et j’ai vu une couche énorme surgir de derrière la porte et s’agiter devant mon nez : découverte, incrédule, de la serviette hygiénique, puis coup au cœur …moral dans les chaussettes … « C’est quoi cette horreur ???! »
    … deux minutes plus tard, j’avais l’impression de marcher comme un cowboy…
    Je ne voulais pas retourner au collège. Je jalousais les garçons, les hommes et leur insouciance.
    Je m’y suis faite, mais ce fut long.

    Puis, j’ai découvert le tampon et bien plus tard la cup mixé avec le flux libre: liberté !

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  5. […] Deux livres font beaucoup parler d’eux parmi les organisations féministes en ce moment. Le premier est celui de Jack Parker, Le grand mystère des règles. Il s’agit d’un abrégé de connaissances touchant tout ce qui concerne les menstruations. L’autrice, qui est aussi l’administratrice du blog Passion Menstrues, nous partage son rapport aux règles, dans le but de défaire le nœud du silence et du tabou qui entoure ce sujet. En fait, j’ai appris en la lisant que le mot même de « tabou » désignait les règles, chez les polynésiens. J’ai appris beaucoup d’autres choses, comme l’existence de cette consternante tradition méditerranéenne de la « claque des premières règles« . […]

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