Que se passe-t-il quand on a ses règles dans l’espace ?

Y a-t-il une différence entre les règles terrestres et les règles spatiales ? Nous avons enfin la réponse. 

photo-1421930535025-d2af27c14065

Quand on pense à la conquête de l’espace, on pense à plein de choses. Aux nouveaux mondes, aux extra-terrestres, aux vaisseaux spatiaux, à la guerre des étoiles, aux délires qu’on peut se taper en apesanteur, bref, c’est généralement assez naïf et enfantin (à moins qu’on soit vraiment hyper passionné-e par le sujet et qu’on arrive à voir un peu plus loin que les civils, évidemment).

Ce à quoi on pense moins souvent, ou moins publiquement, c’est aux différentes fonctions corporelles transposées dans l’espace. Comment on fait pipi ? Et si on éjacule ? Et les toilettes, ça se gère comment dans une fusée ? Et surtout, du moins pour les gens comme moi : est-ce que ça change quelque chose en ce qui concerne les règles ? Genre est-ce que tu te mets à larguer des poltergeists de sang par le vagin en apesanteur ?

caught

Heureusement, aujourd’hui, nous avons enfin la réponse. Et elle est vachement moins excitante qu’on pourrait le croire.

Cette réponse nous vient du site de la radio américaine NPR, qui a constaté en organisant une conversation avec trois astronautes et le scientifique en chef de la NASA que la question des règles revenait beaucoup dans les suggestions. Si cette question a été mise de côté lors du live, ils ont quand même choisi d’y répondre à l’écrit, histoire de mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes.

Voici ce qu’ils nous disent :

« Tout d’abord, un peu d’histoire. Aux débuts des voyages dans l’espace, on s’appuyait notamment sur les menstruations pour justifier l’absence de femmes astronautes.

Certains pensaient que les menstruations pouvaient affecter les capacités des femmes, allant même jusqu’à justifier certains crashes d’avions par la présence de femmes en pleines menstruations à bord. Des études menés dans les années 1940 ont prouvé que ce n’était pas le cas. Les femmes pilotes n’étaient pas handicapées par leurs règles. Mais cette idée refusait de mourir dans les esprits des gens.

En 1964, des chercheurs du Women in Space Program ont persisté et suggéré (sans preuves) que mettre un « être humain psychophysiologiquement caractériel » (donc une femme réglée) en compagnie d’une « machine compliquée » était une mauvaise idée.

D’autres avaient des inquiétudes liées à la santé.

Ils craignaient que la microgravité n’augmente les risques de menstruations rétrogrades – lorsqu’une partie du sang menstruel remonte les trompes de Fallope jusqu’à l’abdomen, générant douleurs et autres problèmes de santé (c’est aussi un signe d’endométriose, ndlr). Personne n’a jamais expérimenté pour prouver cette théorie, et il n’y avait donc aucune donnée pour confirmer ou infirmer ces peurs.

Ceux qui militaient pour la présence de femmes dans l’espace ont alors rappelé qu’il y avait beaucoup d’incertitudes lorsque les premiers humains ont été envoyés dans l’espace et que ça ne les a pas empêchés d’envoyer des hommes quand même. Rhea Sheldon, une des six premières astronautes de la NASA, a raconté son vécu lors d’une interview :

« On leur a dit « Et si on considérait ça comme un non-problème jusqu’à ce que ça en devienne un ? Si quelqu’un tombe malade dans l’espace, vous pouvez nous ramener à la maison. Ensuite on gèrera ça comme un problème, mais considérons ça comme un non-problème. » »

Et mon passage préférée, qui reste à mon sens l’une des meilleures anecdotes concernant les règles et l’incompréhension totale de la part des gens qui ne les vivent pas activement :

En 1983, 22 ans après qu’Alan Shepard soit devenu le premier américain à aller dans l’espace, Sally Ride a quitté l’atmosphère de la Terre. Dans une interview, elle raconte :

« Je me souviens des ingénieurs tentant de décider combien de tampons ils devaient me fournir pour un vol d’une semaine. Ils m’ont demandé : « Est-ce que 100 c’est le bon nombre ? »

« Non, ce n’est pas le bon nombre. »

Alors, que se passe-t-il quand on a ses règles dans l’espace ? 

La même chose que quand on a ses règles sur Terre. En trois décennies de femmes dans l’espace, les règles ont toujours été normales – pas de problèmes menstruels liés à la microgravité.

Et… voilà.

Ça vous en bouche un coin, hein ? Donc non, les règles ne remontent pas dans le corps et ne sortent pas en une immense bulle par le vagin, je suis presque déçue. Bon après doit quand même y avoir moyen de se marrer quand on vide sa cup en apesanteur donc ça va, ça compense.

– Merci à Laurent Ignacio de m’avoir signalé l’article !

 

5 réflexions sur “Que se passe-t-il quand on a ses règles dans l’espace ?

  1. J’ai vu récemment un doc sur les dangers d’un accouplement et d’une grossesse en apesanteur. Le « problème » des règles n’a pas été abordé. Mais c’était très intéressant, et les solutions proposées pour permettre de réunir les deux corps m’ont bien fait marrer! Et je ne suis pas la seule à me poser des questions cheloues, ça me rassure!

    J’aime

  2. Il leur a quand même fallu des études, pour être sur que les crashes en avion n’avaient rien à voir avec les règles.

    J’étais sûre qu’elles s’arrêtaient, une fois la femme dans l’espace. Je ne sais pas pourquoi. Maintenant j’ai envie de voir à quoi ça ressemblerait un changement de cup dans l’espace. Si c’était à moi de le faire, vu à quel point je ne suis pas douée sur terre, je conseillerais à tout le monde de quitter la navette, histoire de ne pas avoir du sang partout sur la gueule.

    J’aime

Laisser un commentaire